Si les
annonces d’Agnès Buzyn concernant le virage numérique en santé vont dans le bon
sens, l’Uniopss alerte sur le risque d’exclusion d’un certain nombre d’usagers
aux services et dispositifs proposés.
La ministre des Solidarités et de la Santé a présenté le 25 avril
la feuille de route stratégique du virage numérique en santé avec, notamment,
la création d’une délégation
ministérielle du numérique en santé.
L’Uniopss salue cette initiative, de même que le lancement d’un
Plan « ESMS numérique » annoncé pour 2020, mesure qu’elle avait
portée auprès de la précédente ministre des Solidarités et de la Santé, Marisol
Touraine dès 2016, ainsi que dans sa contribution à la stratégie nationale de
santé. L’Uniopss attire toutefois l’attention sur les moyens qui y seront
consacrés - à ce stade seul un amorçage par les fonds propres de la CNSA est
prévu - et sur le périmètre. Il est en effet essentiel de ne pas se limiter au
seul secteur « Personnes âgées – Personnes en situation de handicap » et
d’inclure l’ensemble des établissements et des services sociaux et
médico-sociaux.
L’Uniopss se félicite par ailleurs de la création
d’une cellule éthique au sein du Conseil numérique en santé –
en charge de l’élaboration d’outils
d’évaluation et de labellisation, qu’elle a appelé de ses vœux
dans le cadre de son récent plaidoyer pour une télémédecine accessible à tous.
De même, elle salue l’étude annoncée relative à l’opposabilité des référentiels
de sécurité et d’interopérabilité.
Mais au-delà de ces mesures, l’Uniopss pointe le risque
d’exclusion d’un certain nombre d’usagers du système de santé de l’ensemble des
outils inscrits dans la feuille de route (dossier médical
partagé, espace numérique de santé, appli Carte Vitale, déploiement de
l’identifiant national de santé). Actuellement en effet, nombre d’usagers n’ont
pas accès au DMP, utilisable seulement pour les détenteurs d’un numéro de
sécurité sociale. Les chantiers sur l’authentification et l’identification des
usagers du système de santé et notamment la mise en place d’une
carte vitale dématérialisée via une « appli carte Vitale » pourraient être
l’occasion d’envisager son extension ou un système similaire pour tous les
usagers, notamment les bénéficiaires de l’aide médicale d’Etat
afin de faciliter leur accès aux soins.
Enfin, seuls des ateliers citoyens pour co-construire l’espace
numérique de santé sont prévus ; l’Uniopss
regrette que la feuille de route ne prévoit pas davantage de mesures
d’accompagnement des usagers, de manière à réduire la fracture numérique.
L’Uniopss fera part
de ses propositions pour un virage numérique incluant tous les usagers du
système de santé lors d’une prochaine rencontre prévue en mai avec Laura
Létourneau, nommée Déléguée ministérielle du numérique en santé.
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